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LE ROMAN/ 1984

L’Insoutenable légèreté de l’être

Publié en 47 langues à travers le monde, dont le flamand, le vietnamien, l’arménien, l’islandais et bien d’autres, ce roman est le plus traduit et le plus édité de l’œuvre de Kundera. C’est en français qu’il sort pour la première fois en 1984, et, la même année, en anglais chez Harper & Row (New York) et Faber and Faber (Londres) ainsi qu’en allemand chez Fischer. L’année suivante, il est distribué auprès des lecteurs italiens, espagnols et hispanophones d’Amérique du sud, portugais ou encore brésiliens. Pour ce livre, Kundera reçoit le prix du Los Angeles Times Book Prize (États-Unis) en 1984, ainsi que le prix Feria chilena del libro (Chili) trois ans plus tard.

Extrait du roman

Il y bien des années que je pense à Tomas. Mais c’est à la lumière de ces réflexions que je l’ai vu clairement pour la première fois. Je l’ai vu, debout à une fenêtre de son appartement, es yeux fixés de l’autre côte de la cour sur le mur de l’immeuble d’en face, et il ne savait pas ce qu’il devait faire.
Il avait fait connaissance avec Tereza environ trois semaines plus tôt dan sune petite ville de Bohême. Ils avaient passé une heure à peine ensemble. Elle l’avait accompagné à la gare et elle avait attendu avec lui jusqu’au moment oú il était monté dans le train. Une dizaine de jour plus tard, elle vint le voir à Prague. Ils firent l’amour le jour même. Dans la nuit, elle eut un accès de fièvre et elle passa chez lui toute une semaine avec la grippe.
Il éprouva alors un inexplicable amour pour cette fille qui lui était presque inconnue. Il lui semblait que c’était un enfant qu’on avait déposé dan sune corbeille enduite de poix et lâché sur les eaux d’un fleuve pour qu’il le recueille sur la berge de son lit.

(Gallimard, 2018, p. 13)

Couvertures des éditions étrangères

Édition roumaine

Édition tchèque

Édition albanaise

Édition hongroise

Édition monténégrine

Édition hébraïque

Édition islandaise

Édition allemande

Critiques

Ota Filip, Hessische Rundfunk, Kulturelles Wort, 21/10/1984

C’est à juste titre qu’on classe cette histoire d’amour originale, à cheval sur deux mondes, parmi les plus grands romans du XXe siècle. […] Même si le roman de Kundera n’est pour l’instant sorti qu’en français et en allemand, et non en tchèque, il compte parmi les œuvres les plus remarquables que la littérature tchèque ait donné à l’Europe contemporaine.

Marcel Reich-Ranicki, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15/12/1984

Pouvons-nous dire que Kundera nous a livré un chef d’œuvre de la littérature moderne ? Non, ce serait sans doute exagéré. Mais je pose la question, avec autant d’humilité que d’impatience : quand aurons-nous enfin un roman allemand qui parle d’amour et de sexualité de façon aussi fine, aussi profonde, et capable de montrer l’individu dans le contexte de sa vie, ici et maintenant ? Un roman qui soit non seulement aussi intelligent et sûr de lui, mais aussi plaisant à lire, aussi distrayant ?

David Lodge, The Times Literary Supplement, 25/05/1984

Le monde anglophone a découvert avec retard à quel point Milan Kundera est un écrivain extraordinaire. D’abord parce que la première traduction de La Plaisanterie était très mauvaise. Et, ironie du sort, bien qu’il ne s’agisse pas du meilleur roman de l’auteur, L’Insoutenable Légèreté de l’être retiendra probablement plus l’attention des lecteurs que les précédents. Il est moins palpitant que La Plaisanterie, moins surprenant que Le Livre du rire et l’oubli, à tel point qu’on peut recommander aux nouveaux lecteurs de Kundera de commencer par l’un de ces livres plutôt que par L’Insoutenable Légèreté de l’être. Mais les lecteurs déjà familiers de son œuvre, eux, trouveront dans ce dernier ouvrage beaucoup d’éléments admirables.

Ian McEwan, Sunday Observer, 20/05/1984

Tout comme Sterne, qu’il admire, Kundera écrit avec le cœur, de sorte qu’on ne peut tout à fait blâmer les lecteurs qui mettent en avant sa chaleur au détriment de sa froideur, sa rigueur, et qui en font un auteur kitch. Car en effet, chez Kundera, il existe une querelle insoupçonnée entre les sentiments et l’intellect. Et il revient au lecteur de n’abandonner aucun de ces deux aspects afin de bien saisir à quel point ce roman est une réussite à la fois sombre et magnifique. 

Janet Malcolm, The New York Review of Books, 10/05/1984

Mais, contrairement au peintre, au sculpteur ou au poète modernes, le romancier moderne ne peut pas se défaire tout à fait du réalisme : un roman moderne est nécessaire de forme hybride. Si l’auteur parvient à conserver l’attention du lecteur et à toucher son cœur, ce n’est que par l’illusion que, dans une certaine mesure, il raconte les choses « telles qu’elles se sont déroulées ». La réflexion que l’art moderne mène sur lui-même, son goût presque agressif pour les matériaux bruts ne filtre que partiellement dans la littérature. L’œuvre de Kundera approfondit notre regard sur le modernisme en tant que force qui agit fortement sur lui sans pour autant le pousser à bout.

Adaptation cinématographiques

Source : https://www.csfd.cz/film/5026-nesnesitelna-lehkost-byti/

L’Insoutenable Légereté de l’être a été adapté aux États-Unis en 1988 par Philip Kaufman, sur un scénario de Jean-Claude Carrière. Ce récit poétique et provocateur se déroule à Prague, en 1968, pendant les événements du Printemps de Prague. Le film analyse la complexité des relations humaines, de la liberté, de l’amour et des idéaux politiques dans une période de turbulences personnelles et politiques. L’aspect visuel du film, très réussi, l’excellent jeu des acteurs (Daniel Day-Lewis, Juliette Binoche et Lena Olin) et sa portée philosophique ont valu au film une reconnaissance critique et plusieurs distinctions. L’Insoutenable Légèreté de l’être offre un regard pertinent sur l’histoire complexe de la Tchécoslovaquie ainsi qu’une histoire universelle sur la quête de liberté personnelle et du sens de la vie.

La ville de Brno contribue au financement de la Bibliothèque Milan Kundera par une subvention individuelle.


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