English



LE ROMAN / 1997

Ľidentité

« Et je me demande : qui a rêvé ? Qui a rêvé cette histoire ? Qui l’a imaginée ? Elle ? Lui ? Tous les deux ? Chacun pour l’autre ? Et à partir de quel moment leur vie réelle s’est-elle transformée en cette fantaisie perfide ? »

Couvertures des éditions étrangères

Édition anglaise

Édition portugaise

Édition slovène

Édition allemande

Édition turque

Édition italienne

Édition française

Édition espagnole

Édition norvégienne

Édition chinoise

Édition hongroise

Édition indonésienne

Édition anglaise

Édition roumaine

Édition anglaise

Édition française

Extrait du roman

Je vois leurs deux têtes, de profil, éclairées par la lumière d'une petite lampe de chevet: la tête de Jean-Marc, la nuque sur un oreiller; la tête de Chantal penchée quelque dix centimètres au-dessus de lui.
Elle disait : « Je ne te lâcherai plus du regard. Je te regarderai sans interruption. » Et après une pause: «J'ai peur quand mon œil clignote. Peur que pendant cette seconde où mon regard s'éteint ne se glisse à ta place un serpent, un rat, un autre homme. »
Il essayait de se soulever un peu pour la toucher de ses lèvres.
Elle hochait la tête : « Non, je veux seulement te regarder. »
Et puis : « Je vais laisser la lampe allumée toute la nuit. Toutes les nuits. »

(Folio, 2020,  p. 206-207.)

Critiques

John Spurlin, Sunday Times, 5. 4. 1998

Bien que L’Identité soit un texte court et simple en apparence, c’est échantillon parfaitement représentatif du nouveau roman. Le titre lui-même renvoie à l’un des principes fondamentaux du courant : la disparition des héros solides, « tridimensionnels », propres à la littérature du XIXe siècle.

Hans-Harald Müller, Rheinischer Merkur, 9. 10. 1998

Malveillant, le narrateur libère ses personnages, mais pas ses lecteurs. Ceux-ci restent en proie à la grisaille d’un monde dans lequel tout se brouille, comme au moment qui sépare le cauchemar du réveil. « Quel est le moment précis où le réel s'est transformé en irréel, la réalité en rêverie ? Où était la frontière ? Où est la frontière ? » Des questions qui en amènent d’autres à un narrateur impuissant en apparence.
[…] L’Identité est l’œuvre brillante et tardive d’un moraliste, le chant du cygne de la culture post-moderne. La forme du roman d’amour y représente un masque parfait derrière lequel se dissimule le romancier blessé. Et dans l’élégance froide de sa prose immaculée résonne longtemps l’indignation virulente du critique de la culture.

Jürgen Serke, Die Welt, 7. 10. 1998

Chantal se réveille en pleurs dans les bras de Jean-Marc, et Kundera écrit : « Qui a rêvé cette histoire ? […] Et à partir de quel moment leur vie réelle s’est transformée en fantaisie perfide ? » Le rêve se scinde. Kundera dépeint le réveil comme une résurrection. Et cette résurrection de l’amour est liée au mystère du langage, qui confère au sommet une certaine linéarité.

La bibliothèque Milan Kundera est soutenue financièrement par la région de Moravie du Sud et la ville statutaire de Brno.


© 2024 Bibliothèque de Moravie