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LE ROMAN / 1976

La Valse aux adieux

Couronné du prix italien Premio letterario Mondello en 1978, ce roman est d’abord sorti en français, chez Gallimard, en 1976, et en anglais la même année chez Faber and Faber (Royaume-Uni). L’année suivante, il est sorti en allemand chez Suhrkamp et en italien chez Adelphi. L’édition tchèque, chez Sixty-Eight Publishers (Toronto), date de 1979. Dans les années 1980, il est également diffusé auprès des lecteurs polonais et hongrois. En tout, il est traduit en 42 langues, dont le malayalam ou le cingalais. 

Extrait du roman

Savez-vous qui sont les plus virulents misogynes icibas? Les femmes. Messieurs, pas un seul homme, même M. Klima à qui deux femmes ont dejà tenté de faire endosser leur grossesse, n’a jamais éprouvé envers les femmes autant de haine que les femmes elles-mêmes à l’égard de leur propre sexe. Pourquoi pensez-vous qu’elles s’efforcent de nous séduire? Uniquement pour pouvouir défier et himilier leurs consœurs. Dieu a unculqué dans le cœur des femmes la haine des autres femmes parce qu’il voulait que le genre humain se multiplie.

Folio Gallimard, 1999, p. 59

Couvertures des éditions étrangères

Édition turque

Édition anglaise

Édition bulgare

Édition portugaise

Édition espagnole

Édition norvégienne

Édition islandaise

Édition estonienne

Extrait du roman

C’étaient des instants de clairvoyance absolue mais aussi d’émotion absolue; car cette femme l’avait aimé quand il n’était encore rien, elle avait été prête à tout sacrifier pour lui, elle comprenait en aveugle toutes ses pensées, de sorte qu’il pouvait lui parler d’Armstrong ou de Stravinski, de vétilles et de choses graves, elle était pout lui le plus proche de tous les êtres humains… Puis il imagina que ce corps adorable, ce visage adorable éraient morts, et il se dit qu’il ne pourrait pas lui survivre un seul jour. Il savait qu’il était capable de la protéger jusqu’à son dernier souffl, qu’il était capable de donner sa vie pour elle. Mais cette sensation d’amour étouffant n’était qu’une faible lueur éphémère, parce que son esprit était occupé tout entier par l’angoisse et l’effroi. Il était étendu à côté de Kamila, il savait qu’il l’aimait infiniment, mais il était mentalement absent. Il lui caressait le visage, come s’il la caressait d’une distance incommensurable de plusieurs centaines de kilomètres.

Folio Gallimard, 1999, p. 35

Critiques

Antonín J. Liehm, Süddeutsche Zeitung, 05-06/11/1977

L’idéologie persuade l’individu qu’elle seule représente la vérité absolue. Et le roman lui montre, lui, que toute chose est relative. L’idéologie distille l’intolérance, le roman la compassion. Plus notre siècle est imbibé d’idéologies, plus le roman est anachronique. Mais plus il est anachronique, plus il est essentiel pour les individus. Ainsi, dans ce monde contemporain dans lequel une politique trop emprunte d’idéologie se transforme en religion, le roman reste l’une des dernière formes d’athéisme.

Jeremy Lewis, The Times, 03/11/1977

En somme, il n’est pas facile de dire en un mot et avec précision de quoi parle La Valse aux adieux, ni de définir son intrigue en quelques phrases ; c’est certainement l’un des romans les plus ingénieux, les plus suggestifs qui soient, et grâce auxquels le lecteur se sent non seulement mis en joie, amusé, mais aussi déconcerté.

Anne Redmon, Sunday Times, 06/11/1977

Tout comme chez Tom Stoppard, on a l’impression que Kundera joue une difficile partie de ping-pong avec Dieu. Et, étant donné que l’auteur ne perd jamais son côté outré, sa gravité est d’autant plus pesante. 

Saul Maloff, New York Times Book Review, septembre 1977

La Valse aux adieux est, à sa manière, un « roman politique » : or, l’auteur, qui fait preuve d’autant de finesse que de talent et d’ingéniosité, écrit dans des temps où il n’est plus possible d’écrire des romans politiques. 

Klara Obermüller, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 18/10/1977

Il n’est pas facile de prendre position à propos de ce roman. Par son ironie, Kundera lui-même atténue tout opinion contradictoire et trop tranchée. Il va donc bien falloir que chacun se pose la question de savoir avec qui il est d’accord, au fond. […] On retrouve ici la vieille question de la faute et de l’innocence, et ce n’est certainement pas un hasard si on croise les noms de Dostoïevski ou de Raskolnikov. Le fait que le ton soit plutôt léger ou ludique ne doit pas nous faire ignorer l’urgence des questions qui sont posées. Même celle du désespoir, qui apporte la seule réponse possible : aucune vie n’est possible sans culpabilité. Et celui qui croit pouvoir rester à l’écart de tout se trompe. Le happy end ne doit pas nous tromper : c’est une illusion de plus. 

À propos du roman

Pour Kundera, les conséquences les plus extrêmes des actes humains (en l’occurrence, d’un meurtre) sont sans importance, voire triviales. C’est une galerie de destinées bien plus terribles que celles que l’on croise habituellement dans les tragédies qui défile ici devant nous. Et si ces êtres meurent, c’est parce qu’ils sont vaincus par leur sort, bien qu’ils s’avèrent être son complice. Il est donc difficile d’imaginer quelque chose de plus glaçant, de plus profond que l’apparente « légèreté » de Kundera.

Postface d’Elisabeth Pochoda pour l’édition Penguin Books, New York, 1978 

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